Une Chronique jardin de LUC NOEL le célèbre présentateur et concepteur de l'émission JARDINS§ LOISIRS , pour le magazine télé Au Quotidien ( à partir de 18h45)

 Voilà pour ceux qui ont la chance de recevoir la RTBF et de suivre les émissions de LUC.

  mais aussi un site internet www.aujardin.com 

le portail de Luc avec 

la préface de son dernier livre" Luc au jardin "

"Je vais vous faire une confidence : je suis un grand rêveur. Engagé par un patron, un jardinier de ma trempe serait congédié dans les huit jours. Je passe en effet autant de temps à contempler le jardin qu’à y travailler effectivement.
Un cri d’oiseau et mon regard s’évade. Juste à temps pour apercevoir du rouge et du jaune pénétrer dans le haut genévrier. Un couple de chardonnerets niche donc au jardin. Une abeille me passe sous le nez. Je recule de quelques pas pour suivre des yeux les vols dans ce couloir aérien que les butineuses aux pattes chargées de pollen ont établi entre les fleurs qu’elles visitent et les ruches voisines. Sur le chemin du robinet, je m’arrête l’arrosoir à la main parce qu’une nouvelle vivace débute sa floraison et bouleverse les associations. Quand le travail au croc qu’il faut tirer, pousser et soulever pour fracasser les mottes de terre me laisse essoufflé, me voici appuyé sur le manche à détailler la silhouette d’un arbre fruitier à tailler l’hiver prochain.

Le plus grave ? Au grand dam de mon épouse, un moment de rêverie au jardin peut appeler de nouveaux travaux. Un parterre supplémentaire, une voie plus directe pour le transport du fumier, une haie à planter pour constituer un arrière-plan… Entre le moment où l’idée survient et sa réalisation concrète, des mois peuvent s’écouler. Je dois rêver à la manière concrète de réaliser les choses. Les formes, les plantes, les matériaux, les difficultés techniques, tout cela mûrit progressivement, entre un semis et un repiquage, pendant je suis planté au bord du sentier à regarder la parcelle à aménager.

Dans un monde qui ne fonctionne plus que dans l’urgence, dans une société qui multiplie les contrariétés, le jardin permet l’évasion. Une demi-heure à désherber-rêvasser et les tensions d’une dure journée sont déjà oubliées. Ce n’est pas un effet de mode. Si le jardinage est devenu un loisir de tout premier plan, même dans une cour pavée au cœur de la ville ou sur un simple balcon, c’est parce qu’il nous libère du quotidien et nous projette vers demain. Dès que nous avons semé des graines, piqué une bouture ou planté un arbuste, nous vivons dans l’attente de feuillages, de floraisons, de récoltes. Un jardin est un futur permanent, de la beauté et de l’harmonie sans cesse en devenir…"